A la recherche de l’amour perdu

« La pièce se passe dans les bayous, à une période indéterminée, au cœur d’une guerre sans nom. L’amant de Liane est parti. On ne sait pas ce qui lui est arrivé, même si la pièce suggère qu’il s’est noyé. Tout autour, des bruits de milice, des coups de feu, rien ne dit comment il a disparu, mais Liane pleure sa disparition. Au début, elle se terre dans sa maison. Le temps passe. Au bout de quatre ans, elle se décide enfin à sortir de chez elle, et part faire des photos en Afrique et dans le monde entier. A la fin, elle rencontre quelqu’un : ils ont l’air de sympathiser. Là s’arrête la pièce, sur l’idée que la vie, en définitive, est peut-être bien. La pièce est construite sur les souvenirs de Liane, qui lui reviennent quand elle respire le contenu de mystérieuses bouteilles. Les chapitres sont scandés par la couleur des bouteilles, du noir au blanc.

Entre réalisme et universel

J’ai voulu conserver cette respiration des bouteilles : c’est une belle figure poétique à traiter théâtralement, à côté d’un texte assez réaliste. Les bayous, avec la mangrove, les crocodiles et les moustiques, représentent le lieu de tous les dangers. Si on fait une lecture réaliste de la pièce, on peut imaginer que la milice embusquée ressemble au Ku Klux Klan ; mais si on adopte une vision plus intemporelle et universelle, la pièce raconte tout simplement la dépression et la reconstruction d’une fille après le départ de son amant. Par le jeu et par la scénographie, j’ai voulu osciller entre deux, entre le lieu réel et un autre plus universel, afin que le spectateur y projette ce qu’il veut. »

Propos recueillis par Catherine Robert