Alors quel printemps ? Et quel été ?

Nul ne sait et nous tous attendons, las d’innombrables commentaires et discours. Une si longue attente, inimaginable voici quelques mois… Une attente somme toute patiente, face à une crise mondiale inédite qui nous a désemparés. L’information et la communication sont devenues des enjeux de tous les instants qui ont aussi contribué à notre fragilité. Les questionnements et les avancées scientifiques à marche forcée ont été relayés en temps réel, avec leur inévitable part d’incertitudes, leurs lots de revirements et contradictions, leurs multiples experts. Dans ces conditions, on apprend beaucoup de l’expérience.

S’il est difficile de mettre en place une stratégie face à une telle crise, s’il est vrai que les aides en France sont importantes, nous ne comprenons pas certains choix de l’exécutif. Nous avions le lendemain des annonces gouvernementales du 10 décembre 2020 publié une tribune intitulée « Commerces ? Oui. Transports ? Oui. Lieux de culte ? Oui. Lieux de culture ? Non. ». Trois mois plus tard, la situation demeure inchangée pour les lieux culturels,  fermés depuis la fin du mois d’octobre, engagés dans diverses actions avec les artistes pour les répétitions, en milieu scolaire, ou via le numérique : les protocoles sanitaires y ont pourtant été strictement mis en place ; le public y est masqué (au-dessus du nez impérativement), assis, immobile, muet ; les flux de circulation que leur fréquentation génère sont le plus souvent minimes et éparpillés sur le territoire.

Quatre théâtres sont actuellement occupés pour demander la réouverture des lieux culturels et notamment le prolongement de l’année blanche pour les intermittents jusqu’en août 2022 : le Théâtre de l’Odéon et le Théâtre de La Colline à Paris, le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre Saragosse à Pau. Au Théâtre de La Colline et à Strasbourg, ce sont principalement les étudiants d’écoles d’art dramatique qui sont mobilisés. Ils sont à l’âge des rencontres, des fêtes, des terrasses de café, de l’ouverture au monde. Qu’il s’agisse des études ou de l’entrée dans la vie professionnelle, la jeunesse est touchée de plein fouet par la crise.

Certes, les variants ont compliqué la donne. Le gouvernement a pourtant choisi de laisser les établissements scolaires ouverts. La balance bénéfices/risques a heureusement penché pour cette réouverture. Il a aussi heureusement choisi la réouverture des librairies en novembre dernier ! Il est temps de remettre en route ce vaste secteur culturel si essentiel, si désireux de retrouver les regards du public. Contre le marasme, la précarité, la solitude, le vide, la santé mentale fragilisée. Pour la création, le partage, la vie collective, la rencontre, l’ailleurs que chez soi, la résilience. Des réponses sont attendues au plus vite à propos notamment des festivals d’été, et singulièrement d’Avignon, qui nécessitent une organisation considérable.

Nous n’avons guère été actifs sur les réseaux sociaux, soucieux de rester fidèles avant tout à notre mission d’information sur la création artistique et le spectacle vivant. Sachez que nous serons immédiatement prêts à vous informer à nouveau dès que possible, à choyer ce lien si précieux que nous entretenons dans nos colonnes et qui unit artistes, professionnels et publics. Anticipant les tournées à venir, nous allons prochainement publier en ligne nos critiques de spectacles vus récemment. Peut-être hélas que de nouvelles restrictions seront nécessaires si la hausse des contaminations se poursuit.   Espérons que la vaccination s’accélère, a fortiori pour les soignants. Prenez soin de vous !

À bientôt…