Conte de la neige noire ou De la démolition comme art et comme projet

Conte de la neige noire est « un cri qui témoigne des dérives du capitalisme et de la finance ». Entre relations familiales houleuses et ambitions paternelles étouffantes, Jean-Yves Picq adopte le point de vue d’un jeune étudiant en économie, tristement conscient de la réalité du monde, et donne la parole à son père. « Puisque nos sociétés nous abrutissent de paroles bruyantes pour camoufler le désastre qu’elles organisent en silence, mettons-nous bruyamment au cœur du désastre pour organiser silencieusement la parole. », dit l’auteur de ce texte satirique et politique.

Brûlant brûlot

Kentin Juillard et ses percussions accompagnent Jean-Pierre Niobé, qui interprète ce texte puissant et poignant en le disant autant qu’en le chantant. « Si Martin va désormais par les routes pour apostropher le monde avec ce conte, en déroulant sa vie de labeur comme un film aux séquences désordonnées, il en appelle à l’espérance. » Le comédien dit les rapports difficiles entre Martin et Thomas, les mises en garde du fils que le père n’écoute pas, la tragédie née de l’incompréhension et du refus d’entendre que la guerre économique fait des victimes innocentes : « ce sont toujours les enfants, les jeunes, la force vive, que nous envoyons en premier se faire sauter au front ». Jean-Pierre Niobé se fait le chantre d’une résistance aussi lucide qu’émouvante.

Catherine Robert