Ein Zwei Drei de Martin Zimmermann

Intitulée Hallo, la précédente création de Martin Zimmermann créait un doute. Par ce mot qui en suisse signifie à la fois « bonjour » et « au revoir », l’artiste suisse disait-il adieu à la scène après ses nombreuses créations avec son complice musicien Dimitri de Perrot, ou annonçait-il un nouveau départ ? Ein Zwei Drei est sa réponse. À 49 ans, toujours en quête de nouvelles manières de dire le monde, il s’y met en retrait du plateau pour exprimer « l’autorité, la soumission et la liberté, qu’elle soit celle de l’enfance ou celle de la folie ». En clowns paumés dans un musée ultra-moderne, trois danseurs et un pianiste sont ses représentants. Burlesques, ils mêlent cirque et danse comme le fait leur metteur en scène depuis une vingtaine d’années. Et nous offrent un accès inédit à son humour et à son sens de l’absurde. À sa drôle de magie.

Un clown chez Kafka

Formé au Centre National des Arts du Cirque (CNAC) par Sylvie Germain, clown sous le nom d’Arletti, ou encore par le chorégraphe Josef Nadj, Martin Zimmermann a développé en une vingtaine d’années une manière bien à lui de faire bouger les lignes de sa discipline. Une façon kafkaïenne, où « le corps et les objets animés dialoguent au milieu de scénographies mobiles jusqu’à faire disparaître de façon magique la limite entre réalité et fiction », explique-t-il. Cela pour questionner le présent autant que les mystères de l’existence. Pour sonder leurs mécanismes, leur coefficient de beauté et de tragique.

Anaïs Heluin