Invoquant la « circulation intense entre intuition artistique et invention scientifique », selon le mot de son directeur Frank Madlener, l’Ircam place le festival Agora 2010 sous le signe du « prototype ».
C’est en effet à un véritable festival de « premières fois » que convie cette année l’institut de la place Stravinsky. Gérard Pesson, minutieux artisan de l’écriture instrumentale, découvre à 52 ans le monde de la lutherie électronique – un monde que Jonathan Harvey (né en 1939) n’en finit pas d’explorer, inventant pour Speakings le rêve d’un orchestre parlant. L’invention d’un langage pour dire le monde – réel et plus encore imaginaire – est le propos essentiel de l’œuvre de Tristan Murail (né en 1947), dont Agora brosse un important portrait, portant en point d’orgue la création française des Sept Paroles, œuvre orchestrale avec voix faisant intervenir un « chœur virtuel ». À noter également, la reprise par Sarkis, dans le cadre de l’exposition que lui consacre le Centre Pompidou, du Roaratorio de John Cage, d’après James Joyce, qui fut à sa création en 1981 un véritable prototype d’œuvre combinatoire radiophonique.