Focus « Femmes ! »

À l’époque de Flaubert, Virginie Despentes n’aurait-elle pas ressemblé à Madame Bovary ? Sans le focus « Femmes ! » de la Maison des Métallos, on ne se serait sans doute pas posé la question. Ç’aurait été bien dommage. En mettant en regard Bovary, les films sont plus harmonieux que la vie de Cendre Chassanne et l’adaptation de King Kong Théorie par Émilie Charriot, le lieu propose un regard singulier sur l’évolution de la condition féminine depuis la fin du XIX^ème siècle ainsi que sur l’image des femmes dans l’art. Cela sans didactisme. À travers des esthétiques fortes qui suscitent la réflexion autant que le rêve et la révolte. Malgré des approches féministes très différentes, les mots et les gestes de l’Emma Bovary moderne du premier spectacle et ceux du « manifeste pour un nouveau féminisme » du second ont en effet cela en commun. Ce qui n’est pas rien.

Au-delà du genre

Grâce à ces qualités partagées, les deux artistes programmées appréhendent la femme au-delà de la question du genre. Dans toute sa vérité d’être humain. Pour ce faire, Cendre Chassanne met en scène un dialogue non seulement avec Flaubert mais avec François Truffaut, dont elle imagine qu’il aurait mieux filmé Emma Bovary que Claude Chabrol. Vidéo et musique l’accompagnent sur le plateau, tandis qu’Emilie Charriot opte pour un plateau nu occupé par la comédienne Julia Perazzini et la danseuse Géraldine Chollet. Minimaliste, son King Kong Théorie met l’accent sur la pensée et l’originalité de la langue de Virginie Despentes. La subversion y est portée de manière subtile, qui tranche avec les représentations dominantes de certains des thèmes abordés. Comme la sexualité, la prostitution, le viol et la pornographie. Aux Métallos, tous les sujets sont du domaine de la femme.

Anaïs Heluin