Focus sur la création artistique dans le monde arabe

Il y a dix ans, une révolution citoyenne venait bousculer les gouvernements autoritaires du monde arabe. Elle s’exprimait sur les places et dans les rues, où les artistes étaient nombreux à exprimer leur désir de changements politiques et sociaux. Que reste-t-il de ces combats, de cet espoir ? Ouvert aux théâtres du monde, le Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine dirigé par Nathalie Huerta nous donne régulièrement des éléments de réponse à travers l’invitation d’artistes vivant dans ces pays dont les rêves de démocratie ont été largement déçus. Des artistes en exil y sont aussi très souvent conviés. Main dans la main avec l’association Arab Arts Focus de Paris et Orient Productions au Caire, le théâtre municipal va plus loin cette saison dans cette démarche d’accueil. Du 6 au 14 novembre 2021, s’y tient un riche Focus sur la création dans le monde arabe. À travers huit spectacles de théâtre, danse, musique ou encore performance, c’est un paysage artistique complexe qui se dessine sous les yeux du spectateur. Il se déploie dans plusieurs lieux culturels de la ville, pour mieux rendre partageables les luttes des artistes invités, leur envie de garder vive leur croyance dans un monde arabe meilleur.

Le meilleur des mondes arabes

Pour une immersion totale dans les réalités des migrations, le panorama s’ouvre avec une installation : Cultural Exchange Rate (6-9 novembre, lieu à définir), où l’artiste anglo-libanaise Tanya El Khoury partage un journal familial retraçant plus d’un siècle de passages frontaliers. Avec The Love Behind My Eyes (9 novembre à 19h à la Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne), le chorégraphe libanais Ali Chahrour poursuit son exploration des mythes et des rituels arabes de l’amour pour questionner le présent. C’est pour sa part du côté de la spiritualité que nous amène le chorégraphe marocain Taoufiq Izeddiou avec Hmadcha (9 et 10 novembre à 21h au Théâtre Jean Vilar). On reste dans la danse avec Fighting (10 novembre à 19h à La Briqueterie) de l’Égyptienne Shaymaa Shoukry, avant de retrouver le théâtre avec Bashar Murkus, directeur du théâtre palestinien d’Haïfa (Hash, le 11 novembre à 16h au Studio-Théâtre de Vitry). Le 12 novembre (au Théâtre Jean Vilar à 20h), Donia Massoud exhume pour nous des morceaux d’un patrimoine musical égyptien oublié. Le voyage s’achève avec Traverses (Le 13 à 18h au Studio-Théâtre) de Leyla Rabih et Augures (le 14 à 17h au Théâtre Jean Vilar) de Chrystèle Khodr. Un bon présage pour le monde arabe ?

Anaïs Heluin