Après Diktat, Juglair continue dans Dicklove son exploration d’un cirque explosif à forte imprégnation théâtrale, qui pioche également ses armes du côté du clown et de la performance. Un mélange détonnant pour un spectacle qui interroge les normes liées au corps genré.
Jouer avec le trouble dans le genre, jouir de la transgression, convoquer le rire au milieu d’une mise en scène de la binarité pour mieux dynamiter les stéréotypes : tel pourrait être le programme de Dicklove. En prenant appui sur le mât chinois et le pole dance, Juglair met en scène les transformations de son corps qui défie les normes, déjoue les assignations genrées. Un seul corps pour être à la fois Drag King et Drag Queen, une seule voix pour chanter Johnny et Beyoncé. En un seul personnage, Juglair concentre toutes les contradictions pour mieux faire exploser les carcans. La prouesse acrobatique se mêle au clown pour accoucher d’un spectacle de cabaret déjanté, comme une ode à la liberté d’être ce que l’on désire être.
Mathieu Dochtermann