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Spectacle merveilleusement subtil, La Concordance des Temps est un manifeste qui ne dit pas son nom, le fruit de l’expérience de Pierre Jean Bréaud et Guillaume Sendron, spécialistes du main-à-main et des portés. Prenant le contrepied de l’injonction à la virtuosité, le duo nous cueille avec ce bijou de sensibilité.
Il y a des spectacles qui arrivent à arrêter le temps et à bouleverser le public, au point de surprendre les artistes eux-mêmes. La Concordance des temps est de ceux-là. Quand le duo de circassiens apparaît, il chemine côte-à-côte, presque sans se toucher. Tout l’enjeu est d’explorer petit à petit comment, par la mise en relation des corps, un lien se crée. Les mouvements empruntent au cirque, à la danse et aux arts martiaux. Le spectacle est presque muet, mais les regards se font plus parlants à mesure que l’engagement physique se fait plus intense, et ce n’est pas un hasard que « merci » soit le premier mot prononcé à plus de la moitié du parcours. Le but des artistes est ambitieux : rendre sensible la rencontre, révéler ce qui se joue dans le toucher, se reconnecter à l’émotion de porter ou d’être porté.
Bouleversant de simplicité et de sincérité
Le duo opère au plus proche du public. Dans la version pour les espaces non dédiés, les spectateurs sont libres de leur placement. Un code muet, insensiblement, se met en place, qui permet aux artistes d’indiquer la place dont ils ont besoin. De la communication, on glisse à l’invitation. Une main finit par se tendre. Des spectateurs finissent par entrer dans la danse. Une intimité se construit, à un rythme paisible. Une confiance s’établit, et les membres du public ne s’étonnent plus de venir épauler les interprètes épuisés. Les artistes, durant un peu plus d’une heure, offrent aux regards la délicatesse du lien qui les unit, leurs fragilités, la beauté sensible de leur pratique. Le public, saisi par l’émotion, ne veut plus s’arrêter d’applaudir. Une réussite d’autant plus belle qu’elle est empreinte de modestie.
Mathieu Dochtermann
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