La danse s’invite au Théâtre de Paris

Saluons l’initiative de Richard Caillat et Stéphane Hillel, les directeurs du Théâtre de Paris, qui font le pari d’ouvrir annuellement leur programmation à la danse. Un nouveau rendez-vous qui débute sous les meilleurs auspices, puisque cette première édition propose, avec la Kibbutz Contemporary Dance Company, une plongée à la source de l’excellente danse israélienne. Si les compagnies d’Hofesh Shechter, de Sharon Eyal et bien sûr la Batsheva d’Ohad Naharin écument les scènes françaises pour notre plus grande joie, l’on connaît moins ici Yehudit Arnon.  Elle peut pourtant être considérée comme leur mère artistique. En effet, rescapée des camps de la mort, cette grande dame s’installa dans le Kibboutz Ga’aton, aujourd’hui surnommé « village international de la danse » et y fonda en 1973 la KCDC, berceau de la danse contemporaine israélienne. Plus que l’adresse d’une compagnie, ce lieu est une terre de création et d’enseignement, accueillant une communauté d’une centaine de danseurs venus du monde entier.

Un langage universel

Lui aussi résident de Ga’aton, élève de Yehudit Arnon puis danseur pour la KCDC, Rami Be’er lui succéda en 1996, imprimant à la compagnie son style avec succès. Aujourd’hui auteur d’une cinquantaine de pièces, il revient en France après son passage par le festival le Temps d’Aimer la Danse en septembre dernier, et présente Mother’s Milk. Dans cet opus pour une vingtaine d’interprètes, plongeant dans ses souvenirs, il rend hommage à son père, l’un des architectes créateurs du concept de kibboutz, et aux valeurs d’égalité transmises par ses parents. Il dit aussi l’amour qui les unissait et la douleur de les avoir récemment perdus. L’occasion de découvrir une troupe d’excellence et son directeur artistique pour qui la danse est « un langage universel qui relie individus, religions et cultures ».

Delphine Baffour