La Guerre des Salamandres

C’est en 1936, dans un monde qui court droit au désastre de la Seconde Guerre mondiale, que Karel Čapek (1890-1938) écrit La Guerre des Salamandres. Dans ce conte philosophique aux accents de récit d’aventure, l’auteur tchèque dénonce le totalitarisme et prône les valeurs de l’humanisme, de la paix, du respect de l’environnement… La Guerre des Salamandres nous transporte en plein Océan Indien, sur une petite île à l’Ouest de Sumatra. C’est là que vit le peuple des salamandres. Un riche homme d’affaires va soumettre et exploiter ces êtres aux qualités presque humaines, profitant de leur intelligence et de leur propension au mimétisme pour les transformer en main-d’œuvre qualifiée et bon marché. Jusqu’à ce que les Salamandres se révoltent, finissant elles aussi par développer des comportements expansionnistes.

Une métaphore écologique avant l’heure

« Karel Čapek décrit avec rage et drôlerie un monde qui, en toute insolence et inconscience, entreprend de scier tranquillement la branche sur laquelle il est assis, explique Robin Renucci, qui signe la mise en scène de l’adaptation du roman présentée à Villeneuve en scène par les Tréteaux de France. Ce que nous vivons actuellement avec le dérèglement climatique, la Californie en flammes, (…) la fonte des glaces et la montée des mers, tout est déjà là, traité par la fiction. Čapek (…) dépeint un monde au bord de la destruction dans lequel des personnages aux forts caractères s’estompent peu à peu pour laisser percer la marche inéluctable vers l’abîme. » Empruntant à l’univers de Jules Verne comme à celui de George Orwell, ce récit visionnaire échappe à une totale noirceur grâce à son humour férocement satirique. A quatre-vingts ans de distance, il nous exhorte à fuir les chimères « d’un progrès sans limite où l’homme est prêt à tout sacrifier pour son profit ».

Manuel Piolat Soleymat