LES BALLETS DE NOVERRE

Sarabande, gavotte, gigue, bourrée… La musique baroque regorge de danses en tous genres. Après le retour aux instruments anciens, les spécialistes se penchent désormais sur les chorégraphies d’époque. Un travail extrêmement complexe, car il existe très peu de documents permettant de reconstituer les mouvements originaux des ballets. Reste heureusement quelques traités, qui ont codifié la « belle danse » pratiquée en France sous Louis XIV. On y apprend le nombre de pas, le maintien et le rythme propre à chaque danse. Une chose est sûre : les chorégraphies étaient alors créées au plus près de la musique, jouant sur l’alternance de temps forts et faibles, de tension et détente, moteur de la rhétorique baroque. A la fin du mois, l’Opéra Comique redonne vie à Renaud et Armide et Médée et Jason, deux ballets baroques de Jean-Georges Noverre, connu pour son sens de l’expression pré-romantique. C’est la chorégraphe Marie-Geneviève Massé qui exhume ces ballets avec sa compagnie l’Eventail, dans une mise en scène de Vincent Tavernier. La musique, écrite par Jean-Joseph Rodolphe, à l’académisme délicieusement suranné, est dirigée par Hervé Niquet, pour qui le baroque français, même tardif (l’œuvre a été créée en 1775), n’a plus de secrets. A coup sûr, un spectacle onirique en pleine période de fêtes, moins étouffant qu’une énième Veuve joyeuse ou Vie parisienne…

A. Pecqueur