Les Pièces manquantes (puzzle théâtral), création collective, mise en scène d’Adrien Beal

Rôdé à l’Atelier du Plateau l’hiver dernier, Les Pièces manquantes ne connaît pas encore, à l’heure d’écrire ces lignes, la forme exacte qu’il prendra à la Tempête. L’évolution constante des consignes sanitaires ne nuira de toute façon pas au malicieux plaisir que la troupe d’Adrien Béal se fait à remettre en jeu le programme de chacune de ses soirées. Le metteur en scène monte depuis un bout de temps maintenant, avec ses fidèles de la compagnie du Théâtre Déplié, des pièces qui portent une attention extrême au présent de la représentation et à la remise en cause des rapports avec le public, à travers des écritures de plateau réellement collectives.

Une inquiétante étrangeté

Dans ce sens, Les Pièces manquantes a été pensé comme un puzzle de pièces dont chacune a de l’intérêt en elle-même mais s’intègre également dans un assemblage de grande échelle. Y circulent, comme dans Perdu connaissance ou Le pas de Bême des situations contemporaines, des thématiques d’aujourd’hui véhiculant autant de réalisme que de sens du décalage, imprégnant des situations presque ordinaires d’une inquiétante étrangeté et de pas mal d’humour.  Les difficultés d’une mère seule avec ses huit enfants, un amour entre un adulte et un adolescent ou la disparition d’une bande de jeunes viendront par exemple traverser ces pièces comme autant d’éléments d’« un jeu d’enquête et d’énigmes » que le spectateur tentera chaque soir de résoudre. En association avec une fanfare d’adolescents du XIXème arrondissement, les acteurs investiront l’intérieur et l’extérieur du théâtre,  et modifieront leur montage chaque soir. Celui d’un puzzle peut-être à jamais incomplet…

Eric Demey