Playlist Politique, une partition d’Émilie Rousset qui interroge la mise en scène politique de la musique

Qu’elle décide de mettre en scène son propre dialogue avec un linguiste (Rencontre avec Pierre Pica), de recréer un débat télévisé de second tour des élections présidentielles (Rituel 4 : Le Grand Débat) ou encore de s’emparer d’un événement historique dans l’avancée du droit des femmes (Reconstitution : Le Procès de Bobigny), Émilie Rousset ne se contente pas de collecter archives et documents. Menant en parallèle de son travail à la table des recherches performatives, elle met en scène la distance qui sépare ses deux approches. Dans Playlist Politique, projet né d’une proposition de la péniche Pop à concevoir une des performances du cycle (Re)lectures, Émilie Rousset met cette pratique de l’écart au service d’une déconstruction de la théâtralité du politique. En musique.

Politiques en morceaux

Émilie Rousset demande d’abord au comédien et danseur Manuel Vallade de reproduire la marche d’Emmanuel Macron dans la cour du Louvre, le soir de son élection, le 7 mai 2017. Comme ce dernier, l’artiste traverse alors en 2021 la cour Napoléon en 4 minutes 30 secondes. Soit exactement la durée de l’Ode à la joie, finale de la 9^ème Symphonie de Beethoven devenue l’hymne officiel de l’Union européenne. La metteuse en scène poursuit son travail de reenactment (aucun équivalent français précis n’existe pour désigner cette démarche de reconstitution jouée) en se penchant sur d’autres mises en scène spectaculaires de femmes et d’hommes politiques. Comme l’adieu au pouvoir, le 2 décembre 2021, de la chancelière allemande Angela Merkel sur un morceau de l’artiste punk Nina Hagen. Au plateau, la comédienne Anne Steffens accompagne Manuel Vallade pour disséquer les stratégies chorégraphiques de nos élus.

Anaïs Heluin