Salvador Garcia / Hors les murs !

Accroche : « Depuis 2004, Bonlieu est un espace de création, avec des artistes associés. »

Quelle est votre histoire à Bonlieu et quelle est, aujourd’hui, la situation de la Scène nationale ?

Salvador Garcia : Cela fait quatorze ans que je dirige Bonlieu et j’y entame ma quinzième saison. J’y ai vécu des aventures très différentes, et l’aventure du moment consiste en cette installation hors les murs. Le théâtre de Bonlieu est en travaux : ils vont consister en une remise à niveau technologique, à laquelle s’ajoute la construction d’une troisième salle, qui sera prioritairement une salle de répétition, mais aussi une salle de spectacle supplémentaire. Cet ambitieux programme de rénovation sera terminé courant 2014, probablement en octobre. Depuis février 2012, date de début des travaux, nous sommes donc installés hors les murs. Nous avons la chance de disposer d’un espace magnifique, les anciens haras d’Annecy, dans les locaux desquels nous avons pu nous installer. Il s’agit d’un parc en pleine ville, à cent cinquante mètres du Théâtre de Bonlieu, à deux pas du lac.

Comment avez-vous adapté votre programmation à cet espace ?

S. G. : J’ai d’abord imaginé des solutions pour cet espace qui ne comportait pas de salle de spectacle. Au printemps 2012, nous avons donc accueilli des spectacles nomades qui venaient avec leurs chapiteaux. Mais cette solution était provisoire. Dès cet automne, et pour installer le théâtre dans les haras, nous avons donc fait construire, au milieu des bâtiments, une salle de cinq cents places avec un beau plateau, où nous pouvons présenter des spectacles de théâtre et de danse dans des conditions techniques tout à fait acceptables. Parallèlement à cela, nous organisons des grands week-ends dans le parc pour profiter du site. La programmation avec chapiteau complète celle des spectacles conçus pour la salle. Nous avons, pour cela, décalé notre saison, qui a démarré le 12 septembre et se terminera le 22 juin. Nous avons fait le choix d’un peu moins programmer en hiver, pour profiter des belles saisons, l’automne et le printemps. La construction de la salle résout le problème des contraintes de programmation, puisque les seuls spectacles que nous ne pouvons pas accueillir sont les spectacles qui auraient besoin des cintres et du dessous de scène, puisqu’il n’y en a pas. Quant au site des haras, il offre des opportunités nouvelles : dans le même week-end, voire dans la même journée, cinq ou six spectacles peuvent être joués, sous chapiteau, en plein air, dans la salle. Le public ne s’y trompe pas et vient très nombreux. Il apprécie ce côté Scène nationale à la campagne, et, comme nous, vit ça comme une fête ! Cette situation est finalement une chance !

Quelle est l’originalité de Bonlieu ?

S. G. : Depuis 2004, Bonlieu est un espace de création, avec des artistes associés. En même temps, nous choisissons clairement d’accueillir et de soutenir, en production comme en diffusion, des artistes extra européens. C’est ce choix-là qui nous a conduit à organiser une version hors les murs du festival Extra à Tunis, en mai 2012, dans le cadre de Tunis capitale de la danse, avec douze propositions spectaculaires. En 2013, toujours hors les murs, nous irons proposer l’édition du festival Extra à Beyrouth, dans le cadre de Bipod (Beirut International Platform Of Dance), avec une dizaine de propositions mais aussi des rencontres, l’organisation de la confrontation entre les diffuseurs européens et ces artistes et acteurs culturels du Maghreb et du Moyen-Orient. C’est un hors les murs qui va loin !

Propos recueillis par Catherine Robert