Une maison, chorégraphie Christian Rizzo

En guise de toiture, Christian Rizzo a imaginé pour sa maison une imposante et vibrante sculpture de lumières. Semblant composée de néons articulés, chacun de ses tubes renferme en réalité de multiples diodes électroluminescentes qui scintillent, pétillent, crépitent, au rythme de la musique électro et des mouvements, façonnant, colorant, rendant vivant l’espace. Sous cette voûte et sur un plateau nu qu’un seul tas conique de tourbe meuble, tel un âtre ou un tipi rougeâtre, quatorze danseurs évoluent dans un flux que rien n’interrompt. Ils entrent, sortent, s’étreignent, se quittent. Des duos ou des trios se forment qui dansent à l’unisson pendant que d’autres les regardent ou poursuivent leur course solitaire. Continuellement le mouvement de l’un est impulsé par le contact avec l’autre, tendre le plus souvent, violent parfois. Finement composée, ciselée, la danse virtuose qui tourbillonne, s’ancre et fond au sol emporte, émeut. De ses élans abstraits naissent dans l’imaginaire de multiples et brèves histoires, de couples qui se rencontrent ou se séparent, de familles, d’amitiés tissées bras dessus bras dessous.

Une maison onirique, symbolique, qui s’invente et se construit

Avec Une maison, Christian Rizzo, qui signe ici la chorégraphie, la scénographie et les costumes, poursuit sa recherche après une trilogie consacrée au rapport entre danses populaires et danses d’auteur et une pièce jeunesse. Créateur d’images, il invente un univers à la grande beauté plastique, notamment lorsque ses interprètes font s’envoler à grands coups de pelle la tourbe qui recouvrira bientôt la scène, faisant de celle-ci un terrain à inventer, à habiter. Un univers également peuplé de créatures étranges puisque ceux-ci enfileront plus tard des masques de cheval, de singe, de diable ou de tête de mort, inventant un rituel qui les unira dans une ronde. Cette nouvelle maison, qui après un passage à Taïwan, au Portugal et en Belgique ouvrira le Festival Montpellier Danse avant une longue et belle tournée la saison prochaine, n’a pas fini de séduire.

Delphine Baffour