Work : l’hilarant bricolage artistique de Claudio Stellato

Claudio Stellato n’aime rien plus que détourner les objets de notre quotidien pour créer des univers absurdes, drôles ou inquiétants, qui se déploient dans des spectacles hybrides. Dans sa première pièce, L’Autre, il se débattait en solo avec un tapis, une table basse et une armoire, enchaînant les contorsions dans une ambiance toujours plus menaçante. Dans La Cosa on le retrouvait accompagné de trois acolytes intrépides, jouant ensemble de quatre haches et autant de stères de bois et construisant des paysages toujours sur le point de s’effondrer. Il poursuit aujourd’hui ce travail avec Work, un bricolage artistique qui met en scène trois circassiens et une scénographe.

Un monde parallèle où le non-sens est roi

À l’aide de bois, de marteaux, de clous, de peintures multicolores, de pelles et même d’une bétonnière, le chorégraphe nous emporte dans un monde parallèle où le non-sens est roi : lorsqu’il s’agit de scier une planche le meilleur moyen est de s’assoir dessus, et pour descendre d’un mur, rien de tel que de le faire basculer au risque qu’il vous engloutisse. On y croise entre autres bizarreries un homme à la tête d’âne en slip et son compère tout de blanc recouvert qui après avoir cloué leurs baskets à des lattes exécutent une danse qui a tout à voir avec le ski de fond. On croise aussi une porte itinérante, munie de jambes et de bras et découpée à la main dans du contreplaqué, et un individu perplexe qui agrafé à une paroi n’est pas loin de se prendre pour Superman. Plus le spectacle avance et plus le tout tourne au burlesque, le plateau se transformant pour notre plus grand plaisir en géant capharnaüm. Entre théâtre, cirque, danse et performance visuelle, Work surprend, fait rire et emballe.

Delphine Baffour