Wozzeck

Si l’interrogation sur la mort de l’opéra est récurrente au xx^e siècle, une chose est sûre : Wozzeck fait partie des quelques chefs-d’œuvre tardifs du genre, qu’ils contribuent à questionner au moins autant qu’à prolonger. Le thème n’est pas nouveau : la lutte du héros face à la multitude. Mais Alban Berg le traite avec une densité jusqu’alors inouïe, l’opéra – en trois actes et quinze scènes – ne durant pas plus d’une heure et demie. L’implacable destin de Wozzeck, broyé par la bonne société, poussé vers la folie et jusqu’au meurtre, a inspiré à Christoph Marthaler une transposition très vraisemblable dans une ville d’aujourd’hui, dans son décor unique et gris, où la vie privée va s’effaçant. Depuis les représentations d’avril 2008, la distribution a été entièrement remaniée et permettra d’entendre de nouveau Waltraud Meier dans le rôle de Marie, quinze ans après la magnifique production de Patrice Chéreau et Daniel Barenboïm à Berlin et au Châtelet. Le baryton Vincent Le Texier sera Wozzeck, un rôle qu’il a déjà abordé sur les scènes européennes et qui s’inscrit dans la logique d’une carrière largement ouverte sur le xx^e siècle. Peu après les représentations à l’Opéra Bastille, Wozzeck sera de nouveau à l’affiche, en version de concert au Théâtre des Champs-Élysées avec l’Orchestre Philharmonia sous la direction d’Esa-Pekka Salonen. On y retrouvera Simon Keenlyside… qui tenait le rôle-titre l’an dernier à la Bastille.